FILTRER L'EAU DU ROBINET 974 ARTICLE DE PRESSE / LIBERATION LE 8 JUIN 2021

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Des parasites intestinaux infectent l’eau de La Réunion

L’eau délivrée par la Cise, l’un des plus gros distributeurs sur l’île, contient parfois des matières fécales, révèlent les analyses de l’Agence régionale de santé. L’association UFC-Que choisir a intenté une action de groupe contre

«J’avais tellement mal au ventre que j’ai dû faire une fibroscopie qui a révélé la présence de bactéries Helicobacter pylori. Le gastro m’a alors dit d’arrêter de boire l’eau du robinet.» Marie-Gilberte a suivi les conseils de son médecin : elle a branché un filtre au réseau de sa cuisine, s’est équipée d’une carafe filtrante et d’un pommeau de douche rempli de billes d’argile. «Sinon, ça me grattait quand je me lavais…» Malgré tout, il arrive encore à l’habitante de Beaumont, sur les hauteurs de Sainte-Marie, de boire une eau «un peu jaunâtre» et de devoir relaver son linge blanc…

Dans ce quartier montagneux réputé pour ses cultures de fleurs, la plupart des habitants ne consomment pas l’eau du robinet. Fabrice* remplit un chariot de bouteilles d’eau «tous les mois» et se réapprovisionne en fin de semaine si nécessaire. «Même mon riz, je le fais cuire à l’eau minérale», se désole le commercial. «L’eau a un goût de terre», renchérit une voisine, dans son fauteuil roulant. Quant à Marie-Lourdes, elle loue 20 euros par mois sa fontaine à bonbonnes. «Pas le choix si je ne veux pas tomber malade ! L’eau est grise-marron quand il pleut.»


Parasites intestinaux

Le cas de ces abonnés n’est pas isolé. Selon l’Agence régionale de santé (ARS) de La Réunion, 46 % des 850 000 habitants sont alimentés par des réseaux «ne garantissant pas une sécurité sanitaire suffisante» ; pour 4% des Réunionnais, le risque sanitaire est même «avéré ou permanent». L’eau qu’ils boivent ne bénéficie d’aucun traitement de potabilisation ; des parasites intestinaux (Giarda, Cryptosporidium) y sont régulièrement détectés. La semaine dernière, la Cise, l’un des deux principaux distributeurs d’eau sur l’île avec Runéo, a lancé une énième alerte, cette fois pour ses abonnés de Saint-Benoît. Il leur a été recommandé «d’utiliser de l’eau embouteillée pour la boisson et la préparation des aliments ou de la faire bouillir pendant trois minutes»…


Face à cette situation récurrente, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir a intenté une action de groupe contre la Cise le 1er juin, devant le tribunal judiciaire de Saint-Denis. «Pour Runéo, filiale de Véolia, qui ne fait pas mieux, ça viendra dans un second temps», prévient Jean-Marie Pothin, président local de l’association.

Les habitants du quartier de Beaumont, sur les hauteurs de Sainte-Marie, ne boivent pas l'eau du robinet. (Romaiin Philippon/Libération )

Concernant la Cise, le distributeur délivrerait «des eaux présentant un niveau de qualité dégradée à plus de 80 000 habitants de cinq communes». Les résultats d’analyses réalisées par l’ARS mettant en évidence «la présence de bactéries fécales, nous sommes déterminés à mettre fin à une situation moyenâgeuse», prévient Alain Bazot, président national de l’UFC-Que choisir. L’association demande à la Cise de rembourser les factures d’eau des abonnés, ainsi que le prix des bouteilles que ces derniers achètent depuis cinq ans. En 2019 déjà, un habitant de Saint-André avait obtenu gain de cause au tribunal de grande instance et reçu de la Cise plus de 6 000 euros. Maxime Leclercq souffrait de diarrhées chroniques et s’était résolu à acheter de l’eau en bouteille. Mais une affiche indiquant qu’il ne fallait pas boire au robinet de l’école maternelle de sa fille fit déborder le vase. «J’ai épluché les analyses de l’ARS et constaté qu’on m’avait distribué de l’eau contenant des matières fécales à sept reprises», raconte l’ingénieur en environnement.


Cette fois, l’enjeu est plus important, puisque des milliers d’abonnés pourraient demander réparation, via l’action de groupe de l’UFC-Que choisir. Le groupe Saur, dont la Cise est une filiale, en est bien conscient et s’exonère de toute responsabilité. «La Cise Réunion ne peut améliorer la gestion de l’eau sur l’île sans que de nouvelles usines de potabilisation soient construites, affirme à Libération la direction. C’est aux collectivités de prendre la décision des investissements et des mises en conformité des infrastructures de l’eau.»

Retard historique et structurel

De fait, c’est bien aux collectivités, autorités organisatrices de la distribution de l’eau, de construire les stations de traitement. Mais les délégataires, qui ont obtenu une concession par affermage comme la Cise ou Runéo, ont une obligation de résultat, rappelle l’UFC-Que choisir. «Notre mission de distributeur d’eau est d’assurer 24h /24 la production et la distribution d’eau potable et de garantir la continuité de ce service en toutes circonstances», affiche d’ailleurs la Cise Réunion sur son site.


La tâche est, il est vrai, rendue difficile par le retard historique et structurel du département d’outre-mer. Comme le relève le contrat de plan Etat-Région 2015-2020, «les communes accusent un important déficit en infrastructures publiques d’adduction d’eau, tout particulièrement en usines de potabilisation des eaux superficielles». Or, 58 % de la population boit cette eau prélevée à la surface des rivières, transformées en torrents de boue lors des gros épisodes pluvieux. D’un côté, la préfecture a mis en demeure de nombreuses communes, leur intimant de construire «sous trois ans» des stations de traitement ; de l’autre, elle a accompagné les collectivités dans le cadre d’un plan Eau potable 2016-2020, via «l’instauration d’un contexte financier incitatif». Les aides seraient de nature à financer «100 millions d’euros de travaux potentiels», a assuré le ministère de la Santé en réponse à une question du député LFI de La Réunion, Jean-Hugues Ratenon.

L’office de l’eau de La Réunion confirme d’ailleurs que «plusieurs unités de traitement sont en cours de mise en service», ce qui permettra d’améliorer la distribution vers plus de 150 000 habitants ; par ailleurs, 21 installations sont «en phase de conception», qui desserviront plus de 120 000 habitants supplémentaires. A ce jour, 25 unités de potabilisation sont réellement opérationnelles, dont une usine de traitement d’eau potable à Beaumont, depuis 2019. Pourtant, les habitants de ce quartier continuent de ne boire que de l’eau filtrée 

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